La versification est l'ensemble des règles de rime et de longueur qui accompagnent une écriture en vers.
La versification française se résume à utiliser plusieurs vers, regroupés dans plusieurs strophes. Ces vers sont nommés selon leur mètre, c'est-à-dire leur nombre de syllabes.
Une césure est l'endroit où, à partir d'une certaine longueur, les vers sont, dans les métriques de nombreuses cultures, assez généralement subdivisés en plusieurs « parties » ou composants. On nomme césure le lieu où s'articulent ces composants.
Dans la métrique française, médiévale et classique, seuls les décasyllabes et les alexandrins entrent dans la catégorie des vers « longs » ou « composés ». La place de la césure est fixe : dans l'alexandrin, elle délimite deux hémistiches ou sous-vers de même longueur, soit six syllabes :
Je suis romaine, hélas, // puisque mon époux l'est. (Pierre Corneille, Horace, 1re édition).
Dans le décasyllabe ordinaire, les deux sous-vers sont respectivement de quatre et six syllabes :
Le temps s'en va, // le temps s'en va ma Dame (Pierre de Ronsard, Sonnets à Marie).
il ne faut pas confondre la notion de coupe avec celle de césure : la césure est un fait métrique, qui caractérise de manière organique le vers composé (6//6 pour l'alexandrin, 4//6 pour le décasyllabe).
Un hémistiche est proprement la moitié d'un vers à césure. On peut aussi désigner la position médiane d'un vers comme étant à l'hémistiche : ainsi, une coupe à l'hémistiche signifie que la coupe se trouve au milieu du vers. On parle alors du premier hémistiche et du deuxième hémistiche d'un vers.
À l'oral, la césure ne doit être marquée à l'hémistiche que si le sens l'exige.
- Qui n'a pu l'obtenir | ne le méritait pas (Corneille, Le Cid)
Quand les deux hémistiches riment, on parle de vers léonin.
- Jusqu'au dernier soupir, | je veux bien le redire (Corneille, Le Cid)
Voltaire distingue l'hémistiche de la césure : l'hémistiche est toujours à la moitié du vers (alexandrin) ; la césure qui rompt le vers est partout où elle coupe la phrase1.
- Hélas ! | quel est le prix des vertus ? | La souffrance
La coupe, en poésie française, résulte d'une analyse rythmique du vers, fondée sur ses accents toniques. Les coupes identifiées dans un vers délimitent des mesures rythmiques. Comme les syllabes accentuées marquent la fin des mesures, les syllabes féminines, ou posttoniques, sont, lorsqu'elles ne sont pas élidées, rejetées au début de la mesure suivante :
Étoi/lent vaguement // leurs prunel/les mystiq(ues)
En poésie, l'enjambement est un procédé métrique fondé sur l'inadéquation entre la syntaxe et le mètre d'un vers : un groupe syntaxique déborde d'une unité métrique sur l'autre.
Enjambement simple
« Et je ne hais rien tant que les contorsions
De tous ces grands faiseurs de protestations »
Molière - Le Misanthrope (vers 43-44)
Enjambement avec rejet
« Et dès lors, je me suis baigné dans le poème
De la mer, infusé d’astres et lactescent »
Rimbaud – Le bateau ivre (vers 21-22)
Enjambement avec contre-rejet
« La Révolution leur criait : - Volontaires,
Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères !- »
Victor Hugo - « À l’obéissance passive », vers 43-44 Les Châtiments
Enjambement avec rejet et contre-rejet
« L’empereur se tourna vers Dieu ; l’homme de gloire
Trembla, Napoléon comprit qu’il expiait… »
Victor Hugo - « L’Expiation », vers 62-63 (Les Châtiments)
« Et, l’Amour comblant tout, hormis
La faim, sorbets et confitures
Nous préservent des courbatures. »
Verlaine – Fêtes galantes – « Cythère » (vers 10-12)
En linguistique, un hiatus1 (du latin « ouverture de la bouche = parole prononcée, parole ») est une succession de deux voyelles appartenant à des syllabes différentes, soit à l'intérieur d'un mot (comme dans « aorte »), soit à la frontière de deux mots (« il va à… »).
On parle de schéma de rimes (en) pour décrire la succession des rimes entre vers d'un poème ; beaucoup de formes classiques (comme le sonnet ou la ballade) ont un schéma de rimes obligatoire ; plus généralement, on parle par exemple de
- rimes plates ou suivies (pour le schéma le plus simple : AA BB CC DD, etc., notation signifiant que le premier vers rime avec le deuxième, le troisième avec le quatrième, etc.) ;
- rimes alternées ou croisées (pour le schéma ABAB CDCD, etc., signifiant que le premier vers rime avec le troisième, le deuxième avec le quatrième, etc.) ;
- rimes embrassées (pour le schéma ABBA CDDC, etc.) ;
- rimes franches (pour le schéma AABAB CCDCD, etc., pour les strophes de cinq vers, une variante existe pour les strophes de sept vers avec le schéma ABBABAA, CCDCDCC, etc. qui consiste en fait à rajouter une rime suivie)
- terza rima (pour le schéma ABA BCB CDC DED EFE, etc.) ;
- ottava rima (pour le schéma ABA BAB CC / DED EDE FF, etc. , chaque strophe étant de plus formée de huit vers de onze syllabes).
Une strophe est un groupement organisé de vers pouvant comporter une disposition particulière de rimes. Les strophes sont séparées, dans un poème tel qu'édité actuellement, par une ligne blanche.
- monostique ou monostiche pour un vers ;
- distique pour deux vers ;
- tercet pour trois vers ;
- quatrain pour quatre vers ;
- quintil pour cinq vers ;
- sizain pour six vers ;
- septain pour sept vers ;
- huitain pour huit vers ;
- neuvain pour neuf vers ;
- dizain pour dix vers ;
- onzain pour onze vers ;
- douzain pour douze vers ;
- treizain pour treize vers ;
- quatorzain pour quatorze vers.
La synérèse (ou synizèse) est le fait de lire en une seule syllabe deux voyelles qui ne forment normalement pas une diphtongue. En linguistique, le terme synérèse (< latin synaeresis, < grec ancien συναίρεσις synaíresis « contraction »), pris à la rhétorique, est une modification phonétique qui consiste dans la fusion de deux voyelles contiguës en syllabes voisines, qui forment ainsi une diphtongue
À Paris et dans l’ouest de la France il y a d’ordinaire synérèse. Par exemple, les mots lion, buée et louer se prononcent [ljɔ̃], [bɥe] et [lwe], respectivement. Par contre, dans le nord, l’est et le Midi de la France, ainsi qu’en Belgique, de tels mots sont en général prononcés avec diérèse : [liˈɔ̃], [buˈe], [luˈe].
DIÉRÈSE (s. f.)[di-é-rè-z']
1. Terme de grammaire grecque et latine. Division d'une diphthongue en deux syllabes. Dans vitaï, aï est une diérèse pour vitae, de vita, la vie.
2. Sorte de « métaplasme » (modification phonétique) qui consiste à faire entendre dans un mot une syllabe de plus qu'il n'en a ordinairement ; ainsi diamant est de deux syllabes en prose, et il en a trois en vers.
L’élision est l’effacement d’une voyelle en fin de mot devant la voyelle commençant le mot suivant.
Dans la plupart des cas, elle n’est pas écrite mais bien prononcée : chante avec moi → chant’avec moi, ils chantent + avec moi → ils chant’avec moi. Dans le vers poétique français, l’élision du « e caduc » suit des règles strictes (décrites dans l’article sur le vers), pour des raisons métriques, en fin de mot devant voyelle ou en fin de vers :
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle (Pierre de Ronsard)
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